Instable, incompréhensible et sans cesse reporté : le fameux Brexit anglais est un véritable méli-mélo. Pour mieux comprendre les enjeux majeurs et les possibles conséquences, nous revenons sur les moments phares de cette décision politique. Nous demandons aussi l’avis de deux Londoniennes.
Le Brexit, qu’est-ce c’est ?
Cette histoire a commencé il y a trois ans, le 23 juin 2016. Le gouvernement britannique avait organisé un référendum pour savoir si le Royaume-Uni devrait quitter l‘Union Européenne. Un résultat serré mais clair : 52% de la population avait voté pour en sortir. Une sortie qui aurait dû avoir lieu le 29 mars 2019. Pourtant, nous sommes fin octobre 2019 et le Brexit reste toujours un simple terme. Plusieurs fois refusé par les députés britanniques, deux accords ont été trouvés par le gouvernement britannique et l’UE mais ils n’ont pas encore été adopté par le Parlement, et ce malgré toutes les démarches de Theresa May. Durant deux ans, la Première Ministre anglaise et Bruxelles tentaient de trouver une façon de mettre en action ce Brexit. Tout se complique: les pays de l’Union Européenne ne veulent pas voir un de leurs confrères s’en aller de peur d’en perdre d’autres.

Évidemment, cette peur est économique et libérale. C’est en novembre 2018 qu’un accord sur le Brexit est enfin écrit : il résume le coût de cette sortie (40 milliards d’euros), les conditions des expatriés et le problème de la frontière irlandaise. Pour faciliter la libre circulation de personnes et de marchandises, l’Union Européenne veut garder un contrôle de l’Irlande du Nord, ce qui ne plaît pas aux Britanniques, qui présentent un nouvel accord pour garder les biens économiques. Rejeté trois fois par le Parlement britannique depuis début 2019, c’est un véritable désordre.
Les évènements récents
Cet accord, qui a déclenché un bazar parlementaire, fait des oppositions entre ceux qui veulent sortir de l‘Union européenne et ceux qui ne veulent pas. La conséquence de ces débats : encore plus d’indécisions et une Première Ministre poussée à bout. Le 24 mai 2019, pourtant, la politique britannique prend tout autre tournant : Theresa May démissionne. Et seulement deux mois après, Boris Johnson devient Premier Ministre. Les évènements s’enchaînent et s’entremêlent, ne laissant aucun répit à une politique britannique indécise. Excentrique et déroutant, Boris Johnson est à la tête du parti conservateur britannique qui est favorable à une sortie brutale du Royaume-Uni. Il s’impose par des déconvenues politiques, des envies de suspendre le Parlement et des renvois de « rebelles ». Et rien ne s’apaise : s’il avait promis de quitter l’Union Européenne « coûte que coûte » le 31 octobre 2019, il a encore une fois été arrêté. La sortie du Royaume-Uni est, elle, repoussée au 31 janvier 2020. Les élections législatives anticipées devraient donc se dérouler le 12 décembre prochain et pour les remporter, Johnson doit convaincre une majorité absolue.

Ce qu’en pensent des expatriées françaises
Juliette Q. habite à Londres depuis 12 ans. Arrivée au début de l’année 2008, cette expatriée française s’est créé un quotidien, qui, à cause du Brexit, ne cesse de changer. « La vie semble plus chère, les prix augmentent, tous les habitants s’inquiètent et ont peur de ce qu’il va se passer. Personnellement, j’ai peur d’être renvoyée en France. Nous n’avons aucune réponse, c’est très stressant. » Cette sensation d’instabilité, Oxoline B., londonienne depuis deux ans, la ressent aussi « Mon quotidien n’a pas vraiment changé, mais la situation change tous les jours, on vit dans une incertitude constante« . Faut-il partir ou rester de l’Union de l’Européenne ? À cette question, Juliette Q. est formelle: il faut rester.
Nous devons rester, c’est une évidence. Ce pays a besoin de faire partie d’une force politique et économique de grande envergure. Sans l’Union Européenne, l’Angleterre ne peut pas s’en sortir. La politique sociale sera bafouée, les écarts sociaux vont s’élargir, la pauvreté va s’accentuer et Londres deviendra une ville d’évasion fiscale.
Et Boris Johnson, qu’en pensent-elles? Pour Oxoline B. « Il ne vaut pas mieux que Donald Trump« . Juliette Q. fait cependant ressortir une nuance « Il est l’équivalent anglais de Donald Trump, certes, mais il est plus intelligent et donc plus dangereux. » Mais Boris Johnson attire l’attention, précise Juliette Q.
Il plaît parce qu’il ne donne pas dans le politiquement correct. C’est un homme sans scrupule qui est prêt à tout. Son langage populiste touche les foules, pourtant à Londres, il est vraiment détesté.
Un gouvernement discordant, un Premier Ministre provocateur, une population inquiète et une déchirure avec l’Union Européenne qui traîne en longueur : le Royaume-Uni connaît une période historique. Juliette Q. l’affirme « Quoiqu’il arrive maintenant, même s’il y a un miraculeux Happy Ending, le pays restera longtemps sous le choc de ces trois dernières années marquées par des distensions, des mensonges, des crises…Personne ne sait vraiment, en fait. » Une politique incertaine au cœur d’un pays confus.