Le mur de Berlin : 30 ans après sa chute

Trente ans. Trente ans que le mur de Berlin n’existe plus. Trente ans que l’Allemagne a unifié sa partie Ouest et Est. Mais que s’est-il passé exactement ? Qu’en pensent les berlinois? Nous avons demandé l’avis d’un habitant qui a vécu la chute du mur.

Le mur de Berlin, qu’est-ce que c’est?

Construit dans la nuit du 12 au 13 août 1961, le mur de Berlin a bouleversé tout un pays. Le contexte de sa création: une Allemagne post Seconde Guerre mondiale et un monde figé par la Guerre froide. Ce mur n’avait rien d’anodin. Pour le comprendre, il faut revenir seize ans en arrière. L’Allemagne nazie perd la guerre et s’affaiblit : la politique allemande est un grand désordre et les séquelles de l’horreur mêlées à l’erreur sont présentes. Pour éviter tourments et conflits, les forces Alliés, ennemis des allemands pendant la Seconde Guerre mondiale, se départagent l’Allemagne en différentes zones. C’est la base de la création de la RDA (République Démocratique Allemande) dirigée par l’URSS et de la RFA (République Fédérale Allemande) par les Alliés, donc la France, les Etats-Unis et l’Angleterre. En 1961, la vie berlinoise est plus attrayante en RFA : globalement, la richesse et les conditions de travail attirent les habitants de RDA qui ne cessent d’immigrer à l’Ouest. Pour mettre fin à cette immigration, les dirigeants de la RDA ordonnent la création d’un mur. Pendant 28 ans, il a séparé toute une ville. Personnes étaient autorisés à franchir la frontière et les répressions étaient violentes.

La chute du mur et le devoir de mémoire

Le 9 novembre 1989, deux ans avant la fin de l’URSS, les habitants de Berlin Est protestent pour la destruction du mur. Si les contestations antérieures n’avaient pas portés leurs fruits, celle-ci marqua l’histoire. Slogans provocateurs, de longues marches, une URSS faible et une motivation incomparable : ce sont les éléments qui ont eu raisons du mur. Berlin est réunifié. Sur la porte de Brandebourg, les manifestants explosent de joie et s’empressent de commencer à retirer des morceaux du mur. Des journalistes du monde entier sont venus immortaliser ce moment pendant longtemps inimaginable. L’Allemagne semble si nouvelle qu’elle en serait presque fragile.

 

Si la chute de ce mur a permis de réunir Berlin, elle n’a pas tout arrangé. Des difficultés persistent, sociales, économiques et même mentales. La population est affectée, positivement ou négativement. Le film « Goodbye Lenin! » met en avant ces conséquences. En bien ou en mal, pourtant, l’Allemagne se doit de garder une trace de cette période insensée. Comme hommage, il y a le musée du mur situé au Checkpoint Charlie à l’ancienne frontière, ainsi que des morceaux du mur qui n’ont pas été déplacés et qui sont toujours au centre de Berlin. Un mémorial a aussi été installé dans le Bernauer Strasse. Pour Niko B., français passionné par l’Allemagne, cette chute a aussi une connotation mélancolique.

Quand le mur est tombé, j’étais un peu triste, ce qui est paradoxale, de laisser derrière moi ce monde de deux blocs. Mais je voyais bien la joie des Allemands de se réunir à nouveau. J’ai passé quelques temps à Berlin Est et j’ai bien vue que les Allemands ne vivaient pas aussi bien qu’à l’Ouest. Ils paraissaient tristes et sans matériels.

Niko B. a découvert l’Allemagne à 16 ans, grâce à son correspondant. Cette vision du mur et de Berlin l’a marqué, presque autant qu’un contrôleur nommé Adolf Ritler.

 

Le ressenti d’un Berlinois

Falk N. avait 9 ans le 9 novembre 1989. Sa famille et lui vivaient dans une banlieue proche de Berlin, du côté RDA « J’étais jeune, je ne me souviens pas de tout mais je me rappelle la réaction de mes parents. Ils étaient choqués. » Falk N. a grandi dans une famille engagée et politique, qui prônait le communisme et dont les grands parents résistaient contre le régime nazie.

Cette chute du mur, ça les a déçu plus qu’autre chose. Ma famille refusait le système capitaliste de la RFA. Nous avions même protesté dans la rue contre cette chute.

Dans sa famille, la réunification était mal vue. Ce nouveau Berlin faisait rêver certains quand d’autres redoutaient le changement. Un changement qui s’avérait plus énorme que prévu « Tout le système a changé : la ville, les habitants, l’économie. Berlin est devenu terriblement plus cher. » Falk N. a un avis particulier sur la question et il le sait. « Mes réponses sont opposées à ce qui est dit dans la presse, j’en suis conscient. Le fait est que tous les berlinois n’ont pas bénéficié d’une belle vie après la chute du mur : certains venaient de perdre leur monde.” Et les conséquences se montraient parfois dramatiques.

Je me souviens parfaitement de l’année 1990, les parents de mes amis d’école se sont suicidés à cause de leur situation et de leurs angoisses sur l’avenir.

Pourtant, ces personnes ne sont pas les seules victimes de cet évènement.

On en parle pas assez mais beaucoup de gens ont souffert de la chute du mur. Ils se sont retrouvés au chômage ou à la rue, perdus devant un futur qu’ils n’arrivaient pas à voir.

Malgré le temps et son effondrement, le mur de Berlin n’est pourtant pas oublié. Falk N. précise « Aujourd’hui quand on rencontre un Berlinois pour la première fois, on lui demande toujours de quel côté il vient, de l’Ouest ou de l’Est ». Trente après, l’âme d’un mur si polémique résonne toujours.

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