Zéa Duprez, les débuts d’une carrière d’actrice

Zéa Duprez est une jeune comédienne dont le naturel se distingue instantanément. Elle est sélectionnée cette année aux Révélations des Césars avec son tout premier film « Les Météorites » de Romain Laguna. Aujourd’hui à 18 ans elle fait désormais partie de l’Académie des Césars alors que rien ne l’y destinait. 

Originaire d’Occitanie, cette montagnarde a vu sa vie changer après avoir été castée « à la sauvage ». Nous la rencontrons dans un bistrot parisien, en terrasse, la cigarette à la main. C’est une personne tout à fait ordinaire, pourtant, quand on la voit, elle suscite l’intérêt, cette curiosité inée presque inexplicable. Bob sur la tête, sac à dos de voyage sur la chaise d’à côté, son look baroudeur cache une jeune fille extrêmement réfléchie pour la jeunesse de son âge. Toujours étonnée d’avoir été présélectionnée aux Césars, elle n’accorde pas de réelle importance à cette nouvelle même si elle en est reconnaissante. Très loin de l’euphorie parisienne et du monde cinématographique, elle vit désormais ce qui est un rêve pour certain et une hantise pour d’autres. Parmi les Révélations, elle ne retrouve qu’une, deux, peut-être trois personnes qui comme elle, arrivaient tout juste dans ce milieu. Elle est désormais lancée dans un univers qui lui était inconnu il y a encore un an, aujourd’hui elle affronte une nouvelle vie. 

Vous faites désormais parti de l’Académie des Césars, comment vivez-vous ce soudain changement de vie ? 

Z.D : J’essaye d’être très loin de tout ça, d’abord géographiquement, et mentalement de ce milieu qui pour moi représente un réel danger de crise d’identité. J’essaye de le prendre avec beaucoup de recul et presque du déni, de ne pas me dire que c’est fou ce qu’il m’arrive car c’est quelque chose qui peut très vite monter à la tête. 

Premier film, première nomination, vous vous sentez chanceuse? 

Z.D : Très franchement non. Je suis dans ma montagne donc je suis assez loin de tout ça. Ça ne m’a pas fait un choc, j’étais contente, j’y sui allée, j’ai rencontré du monde, c’est tout. Je pense qu’il faut dégrossir la chose. On est peut-être bien habillé, on mange bien mais on dîne juste. C’est étrange parce qu’il y a plein de personnes que je connais depuis que je suis gamine donc ça peut donner le vertige. 

Vous dites que cela vous donne le vertige, mais allez-vous aller à la cérémonie des Césars ? 

Z.D : Non, j’ai juste été pré-sélectionnée, je n’ai pas été nommée (dans la catégorie du Meilleur Espoir Féminin) donc j’étais plutôt contente. J’ai très peur d’être célèbre, ce n’est pas du tout quelque chose qui me fait rêver. J’ai très peur que ça arrive donc je me dis « Non ça n’arrivera pas, je suis maître de mon destin ». Je veux pouvoir manger mon kebab tranquillement par exemple. C’est vraiment un désir étrange de vouloir être célèbre, il y a un décalage trop énorme avec les personnes « normales » et les célébrités. Ça ne m’intéresse pas.

Vous semblez très loin et détachée de la cérémonie et du Cinéma en général. Avant le film, envisagiez-vous de devenir comédienne ? 

Z.D : J’étais au lycée, j’avais 16 ans pendant le tournage, j’étais en première et ça a empiété sur ma rentrée de terminale. Je voulais être photographe indépendante itinérante depuis toujours. Aujourd’hui j’ai envie d’être actrice pour être réalisatrice. Après, c’est quand même assez étrange d’être actrice parce qu’un réalisateur peut nous dire « Ça fait trois ans que j’écris un film et c’est toi que je veux ». On répond donc à un désir assez exigeant de quelqu’un qui nous a fantasmé. Je n’ai pas envie d’être juste ça mais c’est très intéressant de continuer de tourner. J’écris et je visualise beaucoup, j’aimerais bien être le couteau suisse de service. 

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Zéa Duprez et Nina Meurisse aux Révélations

Il y a deux ans, vous étiez donc encore au lycée et vous n’imaginiez pas lancer une carrière dans le cinéma. Comment s’est passé le casting qui vous a révélée par la suite ? 

Z.D : J’étais dans un bar à Sète et il y avait un concert. J’avais un peu la flemme d’y aller mais mes amis m’ont un petit peu forcé. À la fin du concert j’ai un de mes amis qui va gratter une cigarette à un homme assez surprenant : il était habillé tout en lin, les cheveux longs avec de la barbe. Cet homme là dit à mon ami de m’appeler pour qu’on discute. Il voulait savoir si je voulais passer un casting et j’étais un peu saoule donc je lui ai dit « Tu te fous vraiment de ma gueule, c’est quoi cette embuscade ». Il m’a donné des papiers et le lendemain j’ai envoyé un mail et des photos. On m’a d’abord dit que le réalisateur avait trouvé quelqu’un et ils m’ont rappelé une semaine après en me disant de revenir. J’ai rencontré le réalisateur à Sète, on a discuté et on s’est dit qu’on allait faire le film ensemble. 

Et comment se passent les castings désormais ?

Z.D : C’est une démarche qui est dure pour moi, apprendre du texte sans savoir qui on rencontre. On est tout seul, on récite trois lignes et souvent ce ne sont que des directeurs de castings donc on ne voit pas le réalisateur. Quand je rencontre quelqu’un il y a un feeling ou il n’y en a pas, et là peut-être que je peux passer à côté de quelque chose. 

Les Césars sont au coeur d’une polémique. Roman Polanski est accusé de viols, son film a obtenu le plus de nominations. Aujourd’hui, en tant que jeune actrice, vous sentez-vous concernée par tout cela ? 

Z.D : Il y a un système qui est très mal fait dans le cinéma, que ce soit à la place de l’actrice ou de la régisseuse par exemple. Sur un tournage quand on se retrouve avec un homme comme Polanski, on a le choix de dire qu’on ne veut pas faire le film mais on passe pour une emmerdeuse ou alors on a une image pourrie et on ne tourne plus pendant des années. Il faut trouver des solutions. 

Dans le film, Nina (son personnage) voit une météorite s’écraser sous ses yeux, elle y voit le présage d’une nouvelle vie. Est-ce qu’on peut dire que ce film est votre météorite? 

Z.D : La journée de tournage de cette scène du film était la pire. La caméra était juste devant ma tête et il avait un scotch rose que je devais regarder tout doucement. Je me disais que ça n’allait jamais marcher et ça a beaucoup plu au réalisateur. La métaphore tient la route puisque je n’arrive toujours pas à y croire. 

Ces deux dernières années ont été riches en découverte pour vous. Qu’envisagez-vous pour la suite, avez-vous des projets ? 

Z.D : Je vais tourner un court métrage en mars avec le même réalisateur que mon premier film. J’aimerais bien faire quelque chose sur la psychologie, l’inconscient, ça me fascine. On vit notre vie normalement mais il y a un tas de choses qui se passent dans notre cerveau auquel on a jamais accès et c’est assez vertigineux de se le dire. Le cerveau est assez bien fait pour ne pas trouver ce que c’est, car si un jour on trouve, on risque de s’ennuyer.

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