Médecins, infirmières, caissiers, pompiers, éboueurs, postiers et d’autres encore sont en première ligne face à la pandémie du coronavirus qui sévit depuis quelques mois. Toutefois, certains comme les agriculteurs, oeuvrent dans l’ombre au bon fonctionnement de la vie quotidienne des citoyens.
« Les aliments proposés dans les rayons des supermarchés ne tombent pas du ciel ». Pascal, est installé avec son frère Philippe depuis 1991, dans la petite commune de Saint-Genest-sur-Roselle en Haute-Vienne. Les deux confrères, élèvent dans une ferme de 150 hectares, des bovins de race limousine, des ovins destinés à la boucherie ainsi qu’un système herbager. Ils disposent aussi d’un verger BIO de 10 hectares à La Geneytouse (Haute-Vienne). « Le confinement a peu de répercussions sur le travail quotidien à la ferme ». En effet, les agriculteurs ne sont pas concernés par les mesures proposées par le gouvernement, comme le chômage partiel ou le télétravail. « Il est impossible d’arrêter de faire fonctionner les petites productions ». « En travaillant avec du vivant, on ne peut pas se permettre d’arrêter la surveillance et les soins des animaux », explique Pascal.

Les deux associés continuent de travailler comme à leur habitude en prenant bien soin d’appliquer les gestes barrières lorsque « des intervenants extérieurs sont sur l’exploitation : salariés, vétérinaire, marchands… ».
Les agriculteurs manquent-ils de main d’oeuvre ?
Actuellement, les deux frères n’en manquent pas. Ils emploient tout au long de l’année des salariés, qui aujourd’hui encore travaillent avec eux tout en respectant les consignes de sécurité du gouvernement. Il n’y a aucun contact direct entre eux et tout est mis en place pour qu’ils continuent leur activité dans de bonnes conditions. Toutefois, comme Pascal l’explique, cette situation aurait pu prendre une tournure bien différente. « Au mois de juin, la saison de l’éclaircissage des pommiers débute ». – Une technique qui consiste à enlever le trop plein de fruits sur l’arbre pour favoriser la croissance des autres. – À cette occasion, une quinzaine de saisonniers viennent travailler dans le verger, et ce chaque année.

Une partie de la commercialisation de leurs productions se fait par le biais du circuit court. Plus particulièrement au sein du magasin de producteurs (coopérative agricole) Saveurs Fermières à Limoges. Aujourd’hui composée de 50 producteurs locaux, cette structure se retrouve elle aussi confrontée à la crise du COVID-19. En effet, de nombreuses mesures sont mises en place. « Les permanents sont équipés, une plaque de plexiglas a été fixée sur les caisses, un marquage au sol permet aux clients de respecter les distances de sécurité et le nombre de personnes dans le magasin est limité à 15 », informe Pascal.
Avec la crise, l’alimentation locale est-elle plébiscitée ?
« Aujourd’hui les producteurs locaux sont très sollicités, voire largement dépassés par la demande », expose Philippe. Effectivement, dans lasituation actuelle, il est difficile de se déplacer, ce qui conduit les consommatrices et consommateurs à se rapprocher des producteurs locaux. Pour l’éleveur bovin, cela souligne « le manque de paysans pour faire face, au local, à ce type de crise ».

Pascal espère que cette situation permettra à certains de se questionner sur les méthodes d’approvisionnement des grandes surfaces. « Les produits ne tombent pas du ciel », répète t-il. Derrière chaque aliment, il y a du terrain, des gens qui travaillent pour produire. « L’agriculture est un secteur à part, la production de denrée alimentaire est nécessaire pour pouvoir satisfaire un besoin vital : se nourrir ».