L’Arménie, une situation sociale complexe

Le 16 novembre dernier, l’association Chene organisait son annuel marché de noël caritatif. Le but? Aider économiquement les villages d’Arménie. La situation sociale arménienne est complexe. Entre pauvreté et corruption, trois villes illustrent ces inégalités.

Sarigyugh, une campagne particulière

Montagneux, sec et presque désert, Sarigyugh est le village type d’une campagne arménienne. Cette commune, perdue à 750 mètres d’altitude entre les montagnes terreuses, se situe dans la région du Tavush. Sa particularité? Il s’agit de la ville arménienne la plus proche de la frontière azérie. Une frontière dangereuse compte tenu du climat politique actuel. À Sarigyugh, tout le monde se connaît : le boulanger, la directrice de l’école, les professeurs, et même les familles. Peu de familles ont l’eau courante et certains n’ont pas assez d’argent pour se procurer du dentifrice régulièrement. La vieille école de la commune a été rénovée cet été par les bénévoles de l’association Arménie Terre de Vie, accompagnés par les jeunes élèves. Mais Sarigyugh ne respire pas la menace, au contraire, elle est paisible. Malgré la précarité, un manque d’hygiène dentaire, les contraintes scolaires et militaires, il émane une véritable force de cette petite localité.

La région du Tavush fait partie de celles que l’association Chene permet d’aider. Créée en 1990 après le tremblement de terre et pendant les conflits avec l’Azerbaïdjan, Chene a pour objectif d’accompagner financièrement les villages pauvres d’Arménie dans leurs développements. Anahid F., est bénévole depuis plusieurs années.

Dans certains villages, ils plantent des arbres fruitiers, des pommes de terres, des vignes… On les aide vraiment à valoriser leurs terrains. Les paysans sont attachés à leurs terres, ils veulent investir et mettre en avant leurs communes, ça peut être un grand bond pour leurs économies.

Erevan, les richesses et les revendications

Géométrique, petite et surtout constituée d’immeubles en briques, Erevan se détache du reste de l’Arménie. Dans un mélange architectural moderne, traditionnel et russe, la capitale garde toujours l’empreinte de l’URSS. De 1922 à 1991, l’Arménie est sous le joug de l’Union Soviétique. Sa politique a été communiste pendant 69 ans, avant de devenir parlementaire. Aujourd’hui, Nikol Pachinian est à la tête du pays. Son rôle de premier de ministre, il le tient de la « Révolution de Velours » de 2018. Environ 100 000 personnes sont descendues dans les rues d’Erevan pour protester contre Serge Sarkissian, premier ministre depuis 2007. Son mandat est marqué par une corruption et un délaissement de la classe ouvrière du pays. Pendant ces protestations, aucun dégâts matériel et humain n’a été recensé. Gérard M. , l’un des directeurs de l’association Chene, témoigne.

Lorsqu’on envoie les aides financières pour les villages, tout est destiné pour la population arménienne.  On ne passe pas par les structures officielles pour ne pas avoir de problèmes de détournement de fonds et de corruption. On communique seulement avec Chene Arménie.

Mais Erevan, ce n’est pas seulement l’étrange alliance du pacifisme et de la corruption, c’est aussi la ville des plus riches, dont les rues alternent restaurants et bars, tels que Epicure, ainsi que des boîtes de nuit, comme le Downtown. Mais la définition d’un « riche » à Erevan reste subjective : le PIB du pays par habitants ne s’élève qu’à 4 200 dollars par personne.

Stepanakert, entre deux pays

Grise, ancienne et immense, Stepanakert est la plus grande ville du Haut-Kharabagh. Entourée par les zones montagneuses et par la frontière azérie, elle est le centre de la guerre du Haut-Karabakh entre 1988 et 1994. Ce conflit opposait l’Arménie et l’Azerbaïdjan qui se battaient pour s’approprier chacun cette région. Le bilan de cette guerre est lourd : environ 6 000 personnes y laissent leurs vies et des quartiers entiers sont détruits. Malgré la mise en place d’une trêve par la Russie, aujourd’hui, les combat ne cessent pas et la tension citadine est palpable. Stepanakert est principalement sous l’influence arménienne, ces habitants et commerces sont majoritairement arméniens. En août 2019, elle a accueillie la cérémonie d’ouverture des Jeux panarméniens pour la première fois, en compagnie de Nikol Pachinian. Entre les monts, entre deux pays, entre les classes ouvrières et paysannes, les habitants de Stepanakert vivent dans une hésitation géopolitique intense. Pourtant, rien ne les empêche de profiter : restaurants, bars, salle de concerts, la capitale du Haut-Karabakh représente surtout le juste milieu entre la population de Erevan et celle de Sarigyugh.

L’altitude du Caucase, les restes soviétiques mêlés au traumatisme d’un génocide, des protestations nouvelles, et des villes plus différentes les unes que les autres : c’est ce qu’est l’Arménie de 2019. Et dans ce désordre orientale, citadin, campagnard, ou bien montagneux, ils sont près de 3 millions d’habitants à tenter d’exister.

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